Eloge funèbre de Madame Debuire
Madame Hélène Debuire est née le 25octobre 1923 à Franconville la Garenne, petite cité du Val d’Oise. Elle arrive à Lignières en 1930 où son père Georges Gilbert reprend l’étude notariale de Maître Gosselin. Mme Debuire fréquente l’école communale voisine du domicile. Elle est ensuite pensionnaire à Amiens. Déjà en manque d’espace, elle s’ennuie terriblement si bien qu’elle revient à la maison pour préserver sa santé.
La jeunesse de Mme Debuire a été marquée par la Seconde Guerre Mondiale. Elle a à peine 16 ans quand la guerre est déclarée. En 1943, son frère aîné, Maurice, âgé de 23 ans, Résistant, est arrêté par les Allemands et déporté au camp de Buchenwald-Dora (Allemagne) où il meurt, victime de la barbarie nazie. C’est un véritable traumatisme.
Madame Debuire a toujours aimé la nature, les animaux et cet espace rural où elle se sentait en harmonie. Elle a été éleveuse de chiens, des setters irlandais avec lesquels elle chassait. Un jour, en voulant séparer deux chiens qui se battaient, elle se fait mordre un doigt. Le Docteur Debuire qui officie dans la commune depuis plusieurs années, la soigne avec empressement et enthousiasme et c’est ainsi que naîtra une idylle. Le mariage est célébré le 23 juillet 1960 à Lignières.
Le 26 mai 1969, le Docteur Debuire meurt dans un accident de voiture à Chartres, destin brisé. Lors de la cérémonie d’obsèques, Charlotte, la petite nièce de Mme Debuire a lu quelques mots écrits par Mme Debuire qui se posait des questions sur la mort, après la mort, et sur la possibilité de commettre « l’irréparable » ! Entourée de l’affection de la famille, Mme Debuire a choisi de continuer sa vie, seule. Qui a connu Mme Debuire sait la force de caractère dont elle a fait preuve. Elle était exigeante envers les autres mais plus encore avec elle-même. Longtemps elle a élevé des chevaux, des poneys shetland. Elle a même un temps proposé aux enfants de Lignières d’apprendre à monter ses poneys. Elle a dû arrêter pour de sombres autant qu’idiotes histoires d’assurances !
Mme Debuire est décédée ce 31 décembre. Elle avait eu 100 ans le 25 octobre dernier. La Municipalité avait voulu lui rendre hommage mais elle avait refusé. Dommage ! C’est l’unique centenaire que le village ait connue (si erreur, faites le moi savoir). Ces dernières années, Mme Debuire fut très entourée par sa soeur Marcelle qui lui était toute dévouée, ses neveu et nièce et leurs enfants, ses auxiliaires de vie dont elle appréciait les services. Je suis sûr qu’elle laissera d’excellents souvenirs à de nombreux Ligniérois (dont je fais partie). Elle figurera en bonne place dans le Grand Livre de l’Histoire de Lignières.
La Municipalité présente à toute la famille en deuil ses sincères condoléances.
Yannick DESPLAINS